Présentation du dossier Murray Bookchin

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Extrait de La R.P. N°804.

Petit à petit, l’écho de l’œuvre de Murray Bookchin (1921-2006) qui, à sa mort, était seulement connu de quelques marginaux de l’écologie et de l’anarchisme, revient dans l’actualité. La biographie très documentée que Janet Biehl lui a consacrée va sans doute y contribuer1. Didier Harpages la chronique ici même dans un long article qui présente les principales étapes de la vie et de l’œuvre de Bookchin. Il faut espérer qu’il incite à lire cet ouvrage et, ainsi, à revenir aux écrits de Bookchin lui-même. En effet, tous ceux qui considèrent que les liens entre l’écologie et la question sociale sont essentiels pour trouver une issue progressiste à la crise généralisée en cours auraient le plus grand intérêt à le lire ou à le relire. Il ne s’agira pas, bien sûr, de faire de Bookchin le dernier auteur à la mode que quelques pédants, après l’avoir ignoré, vont porter aux nues avant de l’oublier tout aussi vite. Au contraire de ces cuistreries académiques et/ou mondaines, il faut avant tout insister sur le caractère essentiel des problèmes que Bookchin a posés tout en interrogeant ses éventuelles contradictions, erreurs ou limites et revenir aux questions fondamentales qu’il a été l’un des premiers à comprendre : en particulier, le lien entre crise écologique et question sociale ; puis examiner et débattre des solutions qu’il a proposées pour en sortir.

Pour ce faire, nous lui consacrons aussi une bibliographie qui permettra aux lectrices et aux lecteurs de faire le point sur ses écrits déjà traduits en français, tout en sachant que d’autres, également importants, restent encore à l’être pour le public francophone. Cette bibliographie, terminée début février, indique deux livres non parus à ce jour, mais qui doivent sortir dans les semaines, ou les mois, qui viennent : Pouvoir de détruire, pouvoir de créer (L’échappée) et Changer la vie ou changer le monde (Agone). Ces deux ouvrages devraient susciter d’utiles débats, voire des polémiques. Ainsi quand dans le second ouvrage il s’en prend à « l’anarchisme du mode de vie » : « Je ne peux que suivre Emma Goldman, écrit Bookchin, quand elle déclare ne pas vouloir d’une révolution où elle ne pourrait pas danser. Mais à tout le moins, elle voulait une révolution – une révolution sociale – sans laquelle de telles fins esthétiques et psychologiques ne bénéficieraient qu’à quelques-uns. Or, sauf à me tromper complètement, les objectifs révolutionnaires et sociaux de l’anarchisme aujourd’hui souffrent d’une telle dégradation que le mot “anarchie” fera bientôt partie intégrante du vocabulaire chic bourgeois du siècle à venir : une chose quelque peu polissonne, rebelle, insouciante, mais délicieusement inoffensive. » Nous reviendrons, bien entendu, sur ces deux titres en temps utiles.

En attendant, nous complétons l’article de Didier Harpages et la bibliographie par deux morceaux choisis : l’un tiré du livre que Vincent Gerber et Floréal Romero lui ont consacré sous l’angle de la décroissance ; l’autre d’une étude fouillée de Pierre Bance sur le projet municipaliste libertaire de Bookchin au miroir kurde2. On est loin d’en avoir fini avec Murray Bookchin : sa lutte véhémente contre les ennemis de la raison et de l’humanité trace la voie à suivre…

Louis SARLIN

Murray Bookchin

1. Janet Biehl, Écologie ou catastrophe – La vie de Murray Bookchin, préface de Pinar Selek, L’Amourier éditions, 2018, 624 p.
2. Vincent Gerber & Floréal Romero, Murray Bookchin pour une écologie sociale et radicale, le passager clandestin, 2014 ; Pierre Bance, Un autre futur pour le Kurdistan ? (Municipalisme libertaire et confédéralisme démocratique), Editions Noir & Rouge, 2017.

Une Réponse to “Présentation du dossier Murray Bookchin”

  1. N° 804 (mars 2019) | La Révolution prolétarienne Says:

    […] Présentation (L. Sarlin) […]

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