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Les travailleurs sans-papiers en grève devant la Banque postale

février 27, 2022

Travailleurs sans-papiers en grève, nous tenons, avec nos organisations, un piquet de grève devant la plate-forme DPD du Coudray-Montceaux dans le 91, et une autre devant l’agence Chronopost d’Alfortville (94). Ces entreprises sont des filiales de La Poste, entreprise d’État, où des milliers d’intérimaires, sans-papiers comme nous, trient les colis à toute heure du jour et de la nuit.
Dans ces filiales, nous sommes victimes d’un système de sous-traitance en cascade, livrés à des sous-traitant sans vergogne comme Derichebourg, qui nous exploitent sans retenue pour assurer des profits mirifiques du donneur d’ordre, la Poste et ses filiales !
Et pourtant, l’Etat actionnaire et employeur, au lieu de sanctionner la Poste et ses sous-traitants, a envoyé la police au Coudray pour tenter de démanteler le piquet de grève DPD !
Un troisième piquet est à Gennevilliers, devant la société d’intérim RSI, spécialisée dans les chantiers du Bâtiment. Dans le BTP, l’utilisation de travailleurs Sans-papiers est aussi systématique. La lutte a contraint l’employeur à délivrer les documents réclamés pour la régularisation (CERFAs,, Concordances). Mais à ce jour, la Préfecture du 92 refuse de nous recevoir et de nous donner les papiers de régularisation.
Depuis plus de trois mois, nous avons multiplié les manifestations, rassemblements, interventions de tous ordres auprès des employeurs et des représentants de l’État.
Mais La Poste, totalement couverte par les services de l’État, refuse de nous reconnaitre comme salariés de ses filiales, et de nous fournir les documents exigés par l’État pour demander notre régularisation !
En clair, l’État nous emploie dans ses entreprises, mais refuse de nous reconnaitre et de nous régulariser !
Après avoir manifesté devant le siège de DPD, devant le siège de Chronopost, au Siège de la Poste, nous étions le 24 février devant le siège de la Banque Postale, « navire amiral » du groupe la Poste.

Pourquoi manifester au Siège de la Banque Postale ?

A l’intérieur du Groupe La Poste, société anonyme depuis 2010, la Banque Postale est LE donneur d’ordres, comme La Poste elle-même est LE donneur d’ordres dans la cascade de sous-traitants derrière lesquels elle tente de dissimuler sa responsabilité dans l’exploitation de travailleurs sans-papiers à Chronopost et à DPD.
Car c’est selon la logique du capitalisme financier, incarnée par la Banque Postale, que s’organise et fonctionne le Groupe La Poste dont le PDG depuis 2013, Philippe Wahl, est issu de la Royal Bank Of Scotland. C’est aussi cette logique du capitalisme financier qui a présidé à la prise de contrôle de La Poste par la Caisse des Dépôts en 2020.
C’est ainsi que Géopost (appelé aussi DPD Group), dont La Poste est propriétaire, regroupe en France Chronopost et DPD, dans une logique de véritable multinationale : Géopost est présent dans 49 pays à travers le monde, exploite 97 000 personnes à travers le monde et ne cesse de racheter partiellement ou totalement des entreprises sur tous les continents (par exemple en Chine en 2019, en 2020 au Brésil, en 2021 à Dubaï).
Le groupe Géopost a vu son chiffre d’affaires augmenter de 42% en 2020 et ses bénéfices exploser de 52% supplémentaires au premier semestre 2021, représentant à lui seul 46% des bénéfices réalisés par le Groupe La Poste.
C’est sur l’exploitation féroce des travailleurs sans-papiers de Chronopost et DPD que reposent aussi ces milliards de bénéfices qui permettent de racheter à tout va des sociétés de par le monde ! Cette exploitation de travailleurs sans-papiers représente donc un enjeu vital dans le Monopoly à la tête duquel se trouve la Banque Postale ainsi que pour les actionnaires de La Poste, l’État et la Caisse des Dépôts qui devraient percevoir cette année environ 700 millions d’euros de dividendes.

(photos https://twitter.com/SolidairesParis)

COVID-19 : pour les sans-papiers, la triple peine

avril 14, 2020

Les travailleurs.euses sans-papiers sont particulièrement exposé.e.s à tous les risques liés à la pandémie de Covid-19, risques sanitaires et risques économiques.

Pourtant, comme de nombreux.euses salarié.e.s dont on semble découvrir soudainement l’utilité sociale, ils contribuent de manière déterminante aux activités essentielles : massivement embauchés dans le nettoyage, le commerce, la manutention, la livraison, l’agriculture…

Sans elles et eux le pays serait à l’arrêt !

A titre d’exemple, l’occupation par des travailleurs sans-papiers, du chantier du nouveau siège du journal Le Monde, où ils étaient employés pour le compte de majors du bâtiment, montre que ces travailleurs sont indispensables au système.

Pourtant, le plus souvent engagé.e.s en contrats précaires – CDD, intérim – ou sans contrat du tout quand les patrons les payent au noir, ils risquent à tout moment d’être congédié.e.s sans préavis ni indemnités.

Quant à celles et ceux dont l’activité a cessé, ils ne bénéficient d’aucun revenu de remplacement et se retrouvent subitement sans ressources, sans moyens d’existence.

Par ailleurs, leurs conditions de vie, particulièrement insupportables, sont incompatibles avec les mesures de confinement et rendues extrêmement difficiles quand les associations qui habituellement leur viennent en aide, sont empêchées de leur distribuer les produits de première nécessité dont ils ont besoin.

Et dans la rue, sous prétexte de faire respecter les mesures de confinement, la police s’est lancée dans une chasse infernale aux sans-papiers.

Enfin, il a fallu attendre plus de trois semaines pour que les sans-papiers menacé.e.s d’expulsion, entassé.e.s dans des centres de rétention administrative contre tous les avis médicaux, soient finalement libéré.e.s.

C’est insupportable, cela doit cesser !

La CNT-Solidarité ouvrière revendique :

  • l’accès au chômage partiel pour tous les travailleurs.euses sans-papiers
  • un moratoire sur les loyers dans tous les foyers de travailleurs.euses immigré.e.s
  • la mise en place de mesures sanitaires spécifiques dans les foyers
  • la livraison de repas pour compenser la fermeture des espaces collectifs
  • l’arrêt des contrôles aux abords des foyers

Et surtout, alors que le pouvoir ne cesse d’appeler aux solidarités de toute sorte, la CNT-Solidarité ouvrière réclame :

  • la fermeture immédiate et définitive des centres de rétention administrative
  • la régularisation de tous les travailleurs.euses sans-papiers, sans condition (abolition de la circulaire du 29 novembre 2012)
  • l’accueil et la mise à l’abri des migrants (mineurs et majeurs).

Devoir de solidarité avec les sans-papiers, pas avec les banquiers !

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