Posts Tagged ‘grèves’

« Il n’y aura pas d’échappatoire à la grève »

mars 30, 2023

Depuis le passage en force à l’Assemblée avec le 49.3, la mobilisation a passé un nouveau cap. Une phase de multiplication des actions de blocage a commencé. Ce qui frappe, c’est que ces actions plus radicales n’ont pas été le fait, comme on le voit souvent, d’une minorité irréductible qui reste dans la lutte en fin de mouvement. Au contraire, on a assisté depuis janvier 2023 à une montée en pression, par paliers, qui n’a laissé aucun·e des acteur·e·s de la mobilisation sur le côté. Bien entendu, certaines composantes de l’intersyndicale n’ont pas suivi cette voie, voire l’ont désapprouvé, mais sans jamais remettre en cause le cadre unitaire de mobilisation qui fait alors office de « minimum syndical »: « libre à chacun·e d’aller plus loin ».

Et nous ne nous en sommes pas privé·e·s, à tous les niveaux: depuis maintenant une dizaine de jours, nous avons su multiplier les actions avec inventivité et régularité. Barrages filtrants, opérations escargot, filtrages de ronds-points, opérations ville morte, déambulations, blocages de routes ou de centres logistiques… La liste des actions, démultipliées sur tout le territoire, des grandes villes aux plus petits bassins d’emploi, est impressionnante et a largement permis de fragiliser encore un peu plus un pouvoir déjà chancelant. Il faut souligner que l’initiative de ces actions (à l’exclusion des manifestations sauvages du soir, encore que beaucoup aient fait suite à ce qui était à l’origine des rassemblements tout ce qu’il y a de plus syndicaux) vient le plus souvent des structures syndicales elles-mêmes, Unions départementales ou locales, fédérations, syndicats…

***

On est loin d’un «dépassement par la base» tel qu’invoqué parfois abstraitement, puisque ces initiatives ont été encouragées au niveau confédéral et bien souvent impulsées et organisées par les structures territoriales ou fédérales. Cela n’est pas étranger à leur démultiplication, à leur fréquence et à leur ampleur: la preuve a été faite que pour tout diminué qu’il soit, le tissu syndical conserve une certaine capacité de mobilisation de ses militant·e·s, pour peu qu’il s’en donne les moyens. Mais pour tout spectaculaire que soit ce durcissement de la conflictualité, force est de constater qu’il n’implique qu’une partie très minoritaire des participant·e·s aux manifs (qui sont, elles, plus massives que jamais, comme on l’a vu le jeudi 23 mars), et plus encore si l’on se place à l’échelle du salariat tout entier.

Les limites de cette stratégie commencent donc à se faire sentir. Les actions de blocage, dans leur grande majorité, ne sont pas des actions constructives. Elles ont une efficacité sur le moment, mais n’augmentent pas en soi le niveau de mobilisation. Pour qu’un blocage perdure, pas le choix: il faut re-bloquer. Puis rebloquer encore, jusqu’à épuisement. Ça ne marche qu’un temps, par définition. Le blocage est une action à rendement décroissant: le premier jour, il y a l’enthousiasme de la nouveauté, l’effet de surprise, la rencontre de militant·e·s d’horizon divers… Mais s’il faut durer, alors s’installe la routine, l’épuisement, la répression policière… et pas de forces nouvelles pour prendre le relais. Le blocage, c’est souvent l’entre-soi des (plus) mobilisé·e·s.

Même porté par les syndicats à une ampleur inédite, le contournement de la grève par le blocage ne marche qu’un temps. Pour avancer, il n’y a pas le choix: il faut la grève. Et trop d’actions de blocage sont complètement déconnectées de toute ambition de la construire.

***

Il ne s’agit pas d’opposer tous les blocages à la grève. D’abord parce qu’une action symbolique réussie donne confiance, visibilise la lutte, fait se rencontrer des militant·e·s qui rentrent remotivé·e·s. Le blocage du périphérique parisien dès le 17 mars, mobilisant plus de 400 militant·e·s en trois points différents, a ainsi été une démonstration de force et un tremplin pour la suite de la mobilisation.

Ensuite, parce que le blocage fait partie du panel d’action de solidarité interpro à mobiliser en soutien à la grève. Que ce soit dans le secteur des déchets ou dans les raffineries, les blocages réalisés avec l’appui d’autres professions en luttes et d’étudiant·e·s ont permis d’afficher un soutien massif aux grévistes et de faire face aux réquisitions.

Mais on a aussi vu trop de blocages «gratuits»: des sites bloqués sans même prévenir le syndicat à l’intérieur de la boîte; d’autres où le blocage génère une longue file d’attente de camions, l’occasion rêvée d’aller discuter de la grève avec tous et toutes les salarié·e·s d’un secteur stratégique… Mais personne n’a pensé à amener un tract, et d’ailleurs personne ne semble vraiment avoir envie d’aller discuter avec ces salarié·e·s non-grévistes: c’est plus confortable de rester agiter nos drapeaux entre convaincu·e·s… On pourrait multiplier les exemples d’actions qui tournent en boucle (pas toutes heureusement, certaines sont menées en appui à une stratégie de grève), qui donnent la satisfaction de « faire quelque chose » mais n’augmentent nullement les chances que d’autres « fassent quelque chose » à leur tour le lendemain. D’autant qu’elles mobilisent souvent beaucoup de militant·e·s, qui pourraient parfois employer cette énergie ailleurs ou de manière mieux coordonnée.

***

La preuve en a été faite à de multiples reprises: que l’on appelle à «mettre la France à l’arrêt» le 7 mars, que l’on démultiplie les actions symboliques, que l’on proclame qu’il n’y aura «plus de règles» si le gouvernement utilise le 49.3, nous n’avons pas bloqué l’économie. Et pour y arriver, on ne pourra pas faire l’économie du travail de construction de la grève. Car il n’y a pas de grève sans discussion avec les salarié·e·s.

Les blocages font totalement partie du répertoire d’initiatives à utiliser, mais ils doivent être ciblés et préparés dans ce but (tract préparé en direction des salarié·e·s visé·e·s, prises de contact préalables, suivis et communications…). Et ils ne doivent pas être utilisés par défaut, au détriment des autres outils à notre disposition. L’essentiel est d’arriver enfin à s’adresser aux salarié·e·s non grévistes, que ce soit sur nos lieux de travail ou là où nous n’avons pas d’implantation. Ces lieux sont beaucoup plus nombreux que les seuls sites stratégiques souvent ciblés: parfois, s’adresser aux salarié·e·s n’implique pas de les bloquer, comme dans le commerce.

Partout où nous sommes allés à la rencontre des salarié·e·s, l’accueil a été excellent: ils et elles sont toujours heureux de recevoir la visite de syndicalistes, de découvrir qu’ils et elles ont le droit de faire grève et sans préavis, que leur opposition (fréquente) à la réforme peut s’exprimer par la grève même s’ils/elles travaillent à quelques salarié·e·s dans une petite boutique, etc. C’est peut-être moins immédiatement satisfaisant et moins spectaculaire qu’un blocus matinal. Mais c’est payant sur le moyen terme (sans parler du renforcement du syndicalisme pour la suite, quelle que soit l’issue du mouvement), et au moins tout aussi gratifiant, par la conscience de classe interpro que cela génère, des deux côtés. C’est aller à la rencontre d’une facette massive mais trop oubliée du prolétariat contemporain, dont la participation à la grève n’est pas une option pour la victoire de tous et toutes. A nous de faire preuve d’inventivité, et d’imaginer aussi des initiatives qui permettent de rompre avec l’image du vieux tractage poussiéreux: déambulations joyeuses dans un centre commercial, cantine à prix libre sur une zone industrielle, tournée syndicale massive et simultanée sur plusieurs sites, etc.: tout est bon à prendre, pourvu que ça permette de discuter et de transmettre un peu de notre enthousiasme gréviste à des salarié·e·s encore hésitant·e·s!

***

Alors certes, il est tard. Certes, ce boulot aurait dû être fait bien avant. Mais il n’y a pas d’échappatoire. Ou bien nous parvenons à mettre autant d’énergie que celle que nous avons mise dans les blocages dans des actions de développement de la grève, ou bien nous continuons à tout miser sur une stratégie de blocage minoritaire et largement extérieure, le débouché ne pourra être qu’une guérilla face à la police; une guérilla de plus en plus réduite à un noyau militant qui finira laminé par la répression. La réforme et son gouvernement n’ont jamais été aussi impopulaires, l’occasion est encore là et les attentes des travailleurs et des travailleuses à notre égard sont immenses. A nous de nous en saisir pour provoquer à nouveau un de ces rebondissements qui ont rythmé ce mouvement.

Baptiste, militant interpro CGT

(30 mars 2023, paru aussi sur A l’encontre)

50 ans après, que nous dit aujourd’hui la lutte des Lip

mars 9, 2023

« On fabrique, on vend, on se paye ».

C’est ce qu’ont fait les grévistes de Lip en 1973, il y a cinquante ans.

Ouvrières et ouvriers de l’horlogerie à Besançon, elles et ils ont défié l’ordre et la légalité capitaliste des mois durant.

Parce qu’elle a incarné l’insubordination ouvrière des années 68 et la convergence des combats de cette période, notamment avec celui du Larzac ;

Parce qu’elle a rendu vivante, en pratique, l’idée d’autogestion avec la remise en route de la production de montres et le versement de « payes sauvages » pour financer la grève ;

Parce qu’elle a été traversée, percutée, par l’affirmation féministe ;

Parce qu’elle a été une importante lutte contre les licenciements en ces premiers temps de montée au chômage de masse :

La grève des Lip porte en elle les aspirations d’égalité et d’émancipation qui nous anime, elle nous parle, elle nous inspire, elle est notre patrimoine commun.

Nous souhaitons faire vivre la mémoire de cette grève et l’interroger au présent, au travers de nos résistances, de nos luttes et de nos espoirs d’aujourd’hui.

Et nous n’en manquons pas à l’heure des imposantes et décisives mobilisations pour la défense du droit à la retraite.

Nous proposons que des initiatives soient prises nationalement, en lien avec celles existant à Besançon.

Nous invitons à deux temps forts pour ce cinquantenaire :

Les samedi 17 et dimanche 18 juin 2023 : parce que la date du 18 juin 1973 est celle de l’AG des grévistes de Lip qui décida de la relance de la production.

Les samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre 2023 : en écho à la manifestation nationale du 29 septembre 1973 à Besançon de 100 000 personnes en solidarité avec les Lip.

Hier comme aujourd’hui : Lip, Lip, Lip, hourra !

Les premiers signataires de l’appel :

Alternative ESS

Amis de Tribune socialiste

Association Autogestion

Ateliers Travail et Démocratie

Attac

Cerises, la coopérative

Confédération paysanne

Contretemps, revue de critique communiste

Éditions Syllepse

FSU

Institut Tribune socialiste

Politis

Réseau féministe Ruptures

La Révolution prolétarienne

Syndicollectif

Union syndicale Solidaires

Les Utopiques

Caisses de grève : petits calculs pour garder les pieds sur terre

février 4, 2023

2010, 2019, et encore en 2023 : à chaque mouvement social interprofessionnel d’ampleur, c’est le traditionnel concours Lépine de la meilleure « caisse-de-grève-miracle-qui-nous-fera-gagner ». Comment l’alimenter ? Comment la répartir ?

Il faut d’abord rappeler que la grève par procuration n’est pas une solution. Ensuite, dire qu’il faut commencer à alimenter une caisse de grève qui ne pré-existait pas au mouvement est une contradiction dans les termes. Car qui va alimenter la caisse ? Les salarié⋅es qui sont en grève ? Non, puisqu’ils et elles sont en grève ! Les salarié⋅es qui ne sont pas en grève ? Alors c’est une « grève par procuration ». Les chômeur⋅es ? Voyons, il faut déjà survivre. Les retraité⋅es ? Pourquoi pas, ce peut être une piste. Mais on verra plus bas que les montants nécessaires dépassent leurs capacités, si on parle sérieusement. Et après ? Et bien sauf à compter sur la générosité de Bernard Arnault et consorts, ou des quelques ultras riches qui demandent à payer plus d’impôts… on ne voit pas.

C’est le gros point aveugle de toutes les propositions et débats sur la « caisse de grève magique » : elles n’évoquent jamais de chiffres qui donneraient une idée de la tâche à réaliser pour que l’impact ne soit pas seulement symbolique. Donnons quelques ordres de grandeur : il y a à peu près 2 millions de syndiqué⋅es en activité en France, pour 25 millions de salarié⋅es. Un salaire au SMIC équivaut à peu près à 50 € nets par jour. Faisons maintenant quelques hypothèses très optimistes :

Hypothèse 1 : la moitié des syndiqué⋅es sont en grève, soit 1 million (seulement 4 % des salarié⋅es).

Hypothèse 2 : au bout de 10 jours de grève reconductible de ces salarié⋅es, c’est la victoire

Hypothèse 3 : une indemnité de grève de 10 €/jour est versée et est considérée comme suffisante (ce qui est évidemment faux : c’est pour faciliter la démonstration lorsqu’il faudra la multiplier pour 3, 4 ou 5).

Au bout de 10 jours il faudra alors verser la somme de 100 millions d’euros. Quand même ! Et bien oui, on veut une grève reconductible ou pas ? Facile : les 24 autres millions de salarié⋅es non-grévistes versent (tant pis pour la grève par procuration…) chacun⋅e presque 5 €. Est-ce crédible sur le plan de la réalisation technique ? Pas du tout.

S’il faut 5 millions de grévistes (soit 20 % des salarié⋅es seulement) sur 10 jours (ce qui peut paraître plus raisonnable pour le rapport de force) à qui il faut verser 30 €/jour (soit seulement 60 % du « SMIC journalier »), alors il faudra 1,5 milliards d’euros (à comparer avec les 140 millions d’euros de la caisse de grève de la CFDT, patiemment accumulés pendant plusieurs décennies très peu grévistes… ou avec les 3 millions récoltés par la caisse de grève interpro en 2019-2020)… Pour une perte qui reste de 200 € pour les faibles salaires, il faudrait que chaque non gréviste verse 75 €.

Et plus la grève est longue, plus le taux journalier de l’indemnité de grève devra augmenter pour être efficace.

Envisageons un dernier cas souvent évoqué : une grève massive des seuls secteurs considérés comme bloquants. On est ici en plein dans la grève par procuration, mais c’est pour examiner tout de même le scénario le plus favorable aux caisses de grève interpro. En ne comptant comme « bloquants » que la pétrochimie (15 000 salarié⋅es), le rail (SNCF : 135 000 salarié⋅es) et les transports urbains parisiens (RATP : 60 000 salarié⋅es), et en imaginant que 50 % de grévistes suffiraient à faire plier le gouvernement en 10 jours, on a donc 150 000 grévistes à dédommager. À 10 €/jours, il faudrait 15 millions d’euros, à 30 €, 45 millions. Et si on inclut dans ces « secteurs stratégiques » l’énergie, l’éducation, ou encore les très nombreux secteurs féminisés (soin, nettoyage, aide à la personne…), n’en parlons plus…

La conclusion devient évidente : il ne peut raisonnablement exister de caisse de grève interprofessionnelle, même construite avant la grève, qui puisse verser à un nombre suffisant de salarié⋅es grévistes une somme non dérisoire.

Dans le cadre d’un mouvement interpro, une piste, à condition de disposer de sommes conséquentes (ce qui ne peut se faire par magie, il faut du temps), est de réserver cette caisse à certain⋅es salarié⋅es, de secteurs et métiers dont les salaires sont les plus bas, afin que ces salarié⋅es puissent (en supposant de dépasser la peur de la répression) effectivement participer à une grève longue, avec une indemnité de grève réelle, pas une aumône qui servirait juste à mettre du baume au cœur de tous les gauchistes satisfaits « d’avoir fait quelque chose ». La caisse de grève, c’est du sérieux, ou ce n’est rien.

Une autre piste serait que ces caisses, alimentées avant le mouvement, et pendant celui-ci par les retraité⋅es et les quelques salarié⋅es (enseignant⋅es chercheur⋅es par exemple) qui ne subissent généralement pas de retenue sur salaire, ne servent pas qu’à compenser des salaires, mais alimentent aussi des soutiens en nature, par exemple des repas collectifs pour éviter aux salarié⋅es d’avoir à aller faire des courses… ce qui est particulièrement intéressant dans ce contexte d’inflation massive. Ce genre de formes de solidarité a en plus l’avantage de regrouper les grévistes, de les impliquer dans la construction de la grève, de permettre à différents secteurs d’agir ensemble, etc.

En dehors d’un mouvement interpro, une caisse de grève ne peut servir qu’à des grèves ciblées, pour gagner des accords dans des entreprises ou des secteurs et ne peut être réservées qu’à des syndiqué⋅es.

Ce sont tou⋅tes les syndiqué⋅es de l’organisation syndicale qui doivent accepter alors une cotisation plus élevée que celle qui règne aujourd’hui en moyenne dans le syndicalisme en France (ridiculement basse, quand en plus les deux tiers sont pris en charge par les impôts…). Cette cotisation est versée dans une caisse interpro, à construire consciemment comme un outil de solidarité interpro pour la lutte, la confrontation et la victoire des revendications. Comme la Sécurité sociale : la cotisation est obligatoirement mise dans un pot commun, et je ne pourrai pas forcément en bénéficier tout de suite. Alors les victoires (pas partout bien entendu, ce n’est pas possible) amènent des adhésions qui alimentent la caisse, etc. Non, au bout, ce n’est pas la révolution… même si ça peut nous en rapprocher. Par contre c’est un syndicalisme qui ne se paie pas de mots et permet des actes réels : cotiser ensemble, mettre de côté ensemble, et construire un instrument de lutte collective ensemble.

Deux camarades syndicalistes

(télécharger au format pdf en cliquant sur l’image)

Voir aussi:

Caisse de grève ou qu’est-ce la grève ? (Christian Mahieux, 2019)

Retours sur la grève pour les retraites (2019-2020)

janvier 17, 2023

Nous publions cette brochure au moment où Macron pousse une seconde réforme des retraites. Elle reprend des articles parus dans la revue La Révolution prolétarienne pendant le mouvement social contre sa première tentative d’attaquer notre système de retraites…

Cliquer sur l'image de couverture pour ouvrir le pdf
(Cliquer sur l’image pour ouvrir la brochure pdf, 52 pages)
<!-- Google tag (gtag.js) -->
https://www.googletagmanager.com/gtag/js?id=G-11GJ3VTKDM
<script>
  window.dataLayer = window.dataLayer || [];
  function gtag(){dataLayer.push(arguments);}
  gtag('js', new Date());

  gtag('config', 'G-11GJ3VTKDM');
</script>

Mobilisations et grèves le 18 octobre pour l’augmentation des salaires et la défense du droit de grève

octobre 14, 2022

Communiqué intersyndical ci-dessous au format pdf:

(cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf)

Parmi les rassemblements annoncés de mardi:

10h30 Place New York à Angoulême

10h30 Place de Gaulle à Orléans

10h30 devant la Préfecture à Pau

11h00 Place de la Résistance à Quimper

11h30 devant la Préfecture à Niort

11h45 devant la Préfecture à Saint-Étienne

12h00 devant la Préfecture à Bordeaux

13h30 devant la Préfecture à Lyon

14h00 Place d’Italie à Paris

14h00 devant la Préfecture à Rouen

14h45 Place de la République à Dijon

15h00 devant la Préfecture à Nantes

17h30 devant la Préfecture à Caen

17h30 devant la mairie à Cherbourg

18h00 devant la Préfecture à Toulon

18h30 Place Pasteur à Besançon

Les travailleurs sans-papiers en grève devant la Banque postale

février 27, 2022

Travailleurs sans-papiers en grève, nous tenons, avec nos organisations, un piquet de grève devant la plate-forme DPD du Coudray-Montceaux dans le 91, et une autre devant l’agence Chronopost d’Alfortville (94). Ces entreprises sont des filiales de La Poste, entreprise d’État, où des milliers d’intérimaires, sans-papiers comme nous, trient les colis à toute heure du jour et de la nuit.
Dans ces filiales, nous sommes victimes d’un système de sous-traitance en cascade, livrés à des sous-traitant sans vergogne comme Derichebourg, qui nous exploitent sans retenue pour assurer des profits mirifiques du donneur d’ordre, la Poste et ses filiales !
Et pourtant, l’Etat actionnaire et employeur, au lieu de sanctionner la Poste et ses sous-traitants, a envoyé la police au Coudray pour tenter de démanteler le piquet de grève DPD !
Un troisième piquet est à Gennevilliers, devant la société d’intérim RSI, spécialisée dans les chantiers du Bâtiment. Dans le BTP, l’utilisation de travailleurs Sans-papiers est aussi systématique. La lutte a contraint l’employeur à délivrer les documents réclamés pour la régularisation (CERFAs,, Concordances). Mais à ce jour, la Préfecture du 92 refuse de nous recevoir et de nous donner les papiers de régularisation.
Depuis plus de trois mois, nous avons multiplié les manifestations, rassemblements, interventions de tous ordres auprès des employeurs et des représentants de l’État.
Mais La Poste, totalement couverte par les services de l’État, refuse de nous reconnaitre comme salariés de ses filiales, et de nous fournir les documents exigés par l’État pour demander notre régularisation !
En clair, l’État nous emploie dans ses entreprises, mais refuse de nous reconnaitre et de nous régulariser !
Après avoir manifesté devant le siège de DPD, devant le siège de Chronopost, au Siège de la Poste, nous étions le 24 février devant le siège de la Banque Postale, « navire amiral » du groupe la Poste.

Pourquoi manifester au Siège de la Banque Postale ?

A l’intérieur du Groupe La Poste, société anonyme depuis 2010, la Banque Postale est LE donneur d’ordres, comme La Poste elle-même est LE donneur d’ordres dans la cascade de sous-traitants derrière lesquels elle tente de dissimuler sa responsabilité dans l’exploitation de travailleurs sans-papiers à Chronopost et à DPD.
Car c’est selon la logique du capitalisme financier, incarnée par la Banque Postale, que s’organise et fonctionne le Groupe La Poste dont le PDG depuis 2013, Philippe Wahl, est issu de la Royal Bank Of Scotland. C’est aussi cette logique du capitalisme financier qui a présidé à la prise de contrôle de La Poste par la Caisse des Dépôts en 2020.
C’est ainsi que Géopost (appelé aussi DPD Group), dont La Poste est propriétaire, regroupe en France Chronopost et DPD, dans une logique de véritable multinationale : Géopost est présent dans 49 pays à travers le monde, exploite 97 000 personnes à travers le monde et ne cesse de racheter partiellement ou totalement des entreprises sur tous les continents (par exemple en Chine en 2019, en 2020 au Brésil, en 2021 à Dubaï).
Le groupe Géopost a vu son chiffre d’affaires augmenter de 42% en 2020 et ses bénéfices exploser de 52% supplémentaires au premier semestre 2021, représentant à lui seul 46% des bénéfices réalisés par le Groupe La Poste.
C’est sur l’exploitation féroce des travailleurs sans-papiers de Chronopost et DPD que reposent aussi ces milliards de bénéfices qui permettent de racheter à tout va des sociétés de par le monde ! Cette exploitation de travailleurs sans-papiers représente donc un enjeu vital dans le Monopoly à la tête duquel se trouve la Banque Postale ainsi que pour les actionnaires de La Poste, l’État et la Caisse des Dépôts qui devraient percevoir cette année environ 700 millions d’euros de dividendes.

(photos https://twitter.com/SolidairesParis)

Grèves pour l’augmentation des salaires

février 15, 2022

Les grèves se multiplient en période de négociations annuelles obligatoires.

CNP Assurances, 10 février
Hutchinson-Paustra à à Châteaudun, 10 février
Entrepôt Lidl de Béziers, 8 février
Iveco-Bus à Annonay, 11 février

Après le 5 octobre

novembre 26, 2021

Article paru dans le dernier numéro des Utopiques :

Le contexte

La journée nationale de grève et manifestations organisée en France le 5 octobre, à l’appel de CGT, FO, FSU et Solidaires, ne restera pas dans l’histoire ; ce n’est pas un échec, mais la mobilisation fut moyenne pour ce qui est des manifestations, faible en termes de grève. Une partie de la « gauche syndicale » fait référence à « la large apathie des directions syndicales ». Outre le point de discussion à propos de la notion de « direction » pour une organisation syndicale, n’y a-t-il pas là un risque de simplification d’une situation plus complexe ? Notre problème vient-il vraiment d’une supposée apathie de Philippe Martinez, Yves Veyrier, Benoit Teste, Simon Duteil, Murielle Guilbert1 ? On peut craindre que non. Certes, on pouvait espérer que sorte de l’intersyndicale organisée le 11 octobre au soir, un nouvel appel unitaire. Mais si tel avait été le cas, est-ce que ça aurait suffit à faire en sorte que cela pèse plus que le 5 octobre dans le rapport de forces ?

Cette date du 5 octobre était connue dans les milieux militants depuis le mois de juillet ; elle a été rendue publique le 30 août : durant toutes ces semaines, combien de tournées syndicales, de permanences syndicales, de réunions d’information syndicales sur les lieux de travail, d’assemblées générales préparatoires dans les syndicats, etc. ? Où a-t-on tenté de faire vivre l’unité syndicale de l’appel national, par des initiatives intersyndicales sur le terrain ? Dans combien d’entreprises, les sections syndicales se sont-elles préoccupées de faire connaitre la journée nationale du 5 octobre, au personnel de la boîte, aux collègues des boites de sous-traitance, aux salarié∙es des boites alentour ? Poser ces questions n’est pas une critique des équipes syndicales de base : c’est simplement tenter de pointer des éléments constitutifs de la moyenne réussite de la journée. Si ces manques expliquent, en partie, nos difficultés, alors il faut s’atteler à la tâche, voir comment faire mieux à l’avenir. Ce sera plus utile que la radicalisation en paroles.

Des luttes sociales, il y en a !

Dans tous les secteurs professionnels et toutes les régions, il y a des luttes, des grèves, des débrayages, des rassemblements. Y compris dans le secteur privé, contrairement à ce que des syndicatologues, pas forcément syndicalistes, racontent souvent. Aldi en Bourgogne, Bergams dans l’Essonne, Knorr en Alsace, Arc en ciel à Paris-Jussieu, Transdev en Seine-et-Marne… Cette dernière est significative : elle dure depuis le début du mois de septembre, porte sur les conditions de travail et les salaires, dénonce le système des appels d’offre qui organise, pour le patronat, toujours plus d’exploitation des salarié∙es lors de chaque renouvellement de contrat. On peut soutenir financièrement les grévistes : http://www.cotizup.com/mec-grevistes

Construire des campagnes unitaires locales et nationales ?

Les dernières Commission exécutive confédérale CGT, comme le récent congrès national de l’Union syndicale Solidaires, ont décidé deux campagnes prioritaires : pour la réduction du temps de travail à 32 heures hebdomadaires et pour l’augmentation des salaires et pensions. Voilà de quoi alimenter des cahiers revendicatifs communs, par secteurs professionnels et sur le plan interprofessionnel ; des cahiers revendicatifs, mais aussi des campagnes syndicales de terrain pour les faire vivre et les voir aboutir. Entreprise par entreprise, service par service, chantier par chantier, les 32 heures, c’est combien d’emplois ? Quels contacts et initiatives revendicatives avec les organisations et collectifs de chômeuses et chômeurs ? N’est-il pas temps d’abandonner les « bureaux d’embauche » symboliques pour en revenir à des réquisitions d’emplois par l’action directe collective des travailleurs et travailleuses, celles et ceux qui ont un emploi conjointement à celles et ceux qui n’en ont pas ? Sur les salaires, les Négociations annuelles obligatoires sont une période propices pour l’action syndicale sur le sujet, mais sans doute faut-il aller au-delà, reprendre l’offensive pour récupérer une plus grande part de ce que nous volent les capitalistes ; tant pour les salaires que pour les pensions de retraite ou l’indemnisation du chômage.

Quelles perspectives ?

Pour une partie des forces sociales, y compris syndicales, on se réfugie derrière le traditionnel « nécessaire débouché politique ». Comme si les acteurs et actrices des luttes ne construisaient pas eux et elles-mêmes ce débouché, à l’aulne des combats collectifs émancipateurs menés ! Pour ces camarades, le « débouché politique » ne peut venir que du Parti, de leur parti pas des autres, des élections institutionnelles. En tout état de cause, ce n’est abordé que sous la forme de la prise du pouvoir d’État, en déléguant celle-ci aux partis. Dans la perspective d’une société autogestionnaire, cela mérite un autre examen.

A l’occasion du 5 octobre, le secrétaire général de la FSU a fort bien résumé ce que porte ces courants politiques : « Les salariés restent convaincus de l’importance de se mobiliser dans la période mais manquent de perspectives politiques. Ce qui fait que beaucoup ont passé leur tour aujourd’hui ». En matière de perspectives, voilà qui n’en offre guère !

Le syndicalisme est politique. Il rassemble celles et ceux qui décident de s’organiser ensemble sur la seule base de l’appartenance à la même classe sociale. Ensemble, ils et elles agissent alors pour défendre leurs revendications immédiates et travailler à une transformation radicale de la société.L’oppression liée au système capitaliste, oppression économique issue des rapports de production et du droit de propriété, est commune à toutes celles et tous ceux « d’en bas ». C’est là que se joue l’affrontement de classes : si ça, ce n’est pas politique ! Ça n’empêche pas, bien au contraire, de considérer qu’il y a d’autres formes d’oppressions, qu’il ne s’agit d’ailleurs pas de hiérarchiser, ni entre elles, ni vis-à-vis de l’oppression économique. Les luttes féministes, antiracistes, contre les oppressions et pour l’égalité, la liberté, contre les violences policières, écologistes, etc., font aussi de la politique.

La répartition des rôles qui veut que le parti s’occupe de politique et le syndicalisme du social est une impasse. Alors que les syndicats sont, ou du moins devraient être, l’outil d’organisation autonome de la classe ouvrière, elle les cantonne dans une fonction mineure, leur nie la capacité d’agir pour changer la société. A l’inverse, elle pousse les organisations politiques à considérer que cette tâche est leur exclusivité et donc qu’elle est déconnectée des mouvements sociaux.

Redéfinir l’espace syndical

Un grand nombre d’associations jouent un rôle considérable dans le mouvement social. Quasiment toutes se sont construites parce que le syndicalisme a abandonné des champs de lutte ou les a ignoré et, de fait, elles font « du syndicalisme » tel que défini ici : associations de chômeurs et chômeuses, pour le droit au logement, de défense des sans-papiers, coordination de travailleurs et travailleuses précaires, etc. D’autres interviennent sur des sujets qui sont pleinement dans le champ syndical : elles sont féministes, antiracistes, écologistes, antifascistes, antisexistes, etc. Se pose aussi la question du lien avec les travailleurs et travailleuses de la terre. Il y a aussi les mouvements anticolonialistes, revendiquant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, antimilitaristes, pacifistes, etc. Tout cela concerne les intérêts et l’avenir de notre classe sociale et c’est de ce point de vue qu’il faut les traiter.

Si nous mettons en avant les mouvements sociaux, c’est parce que ce sont eux qui organisent les luttes, l’action directe des travailleurs et des travailleuses. Parmi ces mouvements, le syndicalisme a une particularité essentielle : comme dit précédemment, il rassemble sur la seule base de l’appartenance à la même classe sociale. C’est fondamental. Un syndicalisme de lutte bien sûr, mais aussi un syndicalisme qui ose des ruptures avec l’existant pour mieux avancer. La question de l’unité, voire de l’unification, est importante. Il s’agit aussi de redéfinir les contours de l’organisation syndicale, pour que celle-ci prenne en compte les diversités ici décrites. Mais tout ceci ne doit être, ni des réflexions « d’expert∙es » extérieur∙es au mouvement syndical et social ni traité indépendamment des questions concrètes évoquées plus en matière de campagne syndicale, de présence là où sont les travailleurs et travailleuses plus qu’avec les patrons, de priorités syndicales décidées et mises en œuvre collectivement, …

Christian Mahieux

Note:

1. Respectivement secrétaires généraux de la CGT, de FO, de la FSU et co porte-parole de Solidaires.

L’article au format pdf

Amazon : grèves et manifestations dans 20 pays à l’occasion du Black Friday

novembre 24, 2021

Le jour du Black Friday, un groupe de syndicats et d’organisations de base, connu sous le nom de « Make Amazon Pay Coalition », organisera des manifestations et des grèves coordonnées dans au moins 20 pays pour exiger d’Amazon qu’elle verse aux travailleur·euses un salaire décent, qu’elle respecte leur droit de se syndiquer, qu’elle paie sa juste part d’impôts et qu’elle s’engage à respecter l’environnement.

Les actions prévues comprennent : une grève massive des chauffeurs-livreurs d’Amazon en Italie ; un arrêt de travail dans les entrepôts d’Amazon en France ; des manifestations sur le site de construction des nouveaux bureaux régionaux d’Amazon en Afrique du Sud ; des protestations des travailleur·euses de l’habillement au Bangladesh et au Cambodge.

Aux États-Unis, la Coalition Athena organisera des actions numériques avec le hashtag #MakeAmazonPay visant Whole Foods et Amazon, et tiendra une réunion publique sur l’avenir de l’organisation des travailleur·euses en Californie, et une autre avec des travailleur·euses dans l’Illinois sur les perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Les actions menées dans le monde entier le 26 novembre souligneront l’ampleur du rôle d’Amazon dans l’économie mondiale.
La coalition « Make Amazon Pay » a été lancée l’année dernière lors d’une journée de protestation à l’occasion du Black Friday, au cours de laquelle elle a dévoilé un ensemble de demandes communes émanant de 50 organisations de justice sociale, dont Progressive International, la Coalition Athena, GreenPeace, Our Revolution, Oxfam et le Mouvement Sunrise. Depuis lors, la coalition s’est élargie à plus de 70 syndicats, organisations de base, organismes de surveillance fiscale et groupes écologistes.

« Les actions de cette année s’annoncent beaucoup plus importantes avec des grèves et des protestations prévues dans plusieurs villes d’au moins 20 pays sur tous les continents habités de la planète », indique un communiqué de presse de l’événement mondial. « La journée mondiale d’action rassemblera des militant·es de différentes luttes – travail, environnement, fiscalité, données, vie privée, anti-monopole – alors que des syndicalistes, des militant·es de la société civile et des écologistes organiseront des actions communes. »

Le Black Friday et le Cyber Monday sont les plus grands événements commerciaux de l’année pour Amazon. Mais pour les travailleur·euses des entrepôts et les chauffeurs-livreurs d’Amazon, cela signifie une augmentation des quotas, des journées de travail plus longues et un risque accru d’accidents du travail. Entre le Black Friday et Noël, les accidents au travail des travailleur·euses d’entrepôt connaissent un pic, selon un rapport 2019 du Reveal Center for Investigative Reporting.

Outre les pays énumérés ci-dessus, les actions du Black Friday auront lieu au Canada, en Argentine, au Mexique, au Brésil, en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, en Pologne, en Allemagne, en Slovaquie, en Autriche, au Luxembourg, en Espagne, en Irlande, en Turquie, en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Bangladesh, en Inde et au Cambodge.

« Les travailleur·euses, les avocat·es et les élu·es qui se rassemblent pour #MakeAmazonPay attireront l’attention du monde entier et changeront la façon dont le public perçoit Amazon », a déclaré Christy Hoffman, secrétaire générale d’UNI Global Union. « Lors de journées d’action mondiales comme le Black Friday, nous constatons que le mouvement qui pousse à changer les règles de notre économie et à défier le pouvoir des entreprises est de plus en plus audacieux et fort. »

La coalition #MakeAmazonPay est dirigée par UNI Global Union, une fédération syndicale mondiale, qui est affiliée à 150 syndicats représentant 20 millions de travailleur·euses dans le monde, et Progressive International, une organisation internationale réunissant des groupes militant·es de gauche.

« De l’extraction des ressources naturelles, à la fabrication ; de l’expédition et du stockage des produits dans le monde entier à leur livraison aux consommateur·trices ; du contrôle de quantités incalculables de données et de gestion à l’influence sur nos gouvernements : Amazon mène les travailleur·euses, les populations et la planète en bateau », a déclaré Casper Gelderblom, coordinateur de la campagne « Make Amazon Pay » à l’Internationale progressiste.

« Amazon est peut-être partout, mais nous le sommes aussi », a-t-il poursuivi. « À chaque maillon de cette chaîne d’abus, nous nous battons pour faire payer Amazon. Le vendredi noir du 26 novembre 2021, partout dans le monde, les travailleur·euses et les militant·es se lèveront dans des grèves, des protestations et des actions pour faire payer Amazon. »

En réponse à la nouvelle de la journée d’action de Make Amazon Pay, Kelly Nantel, directrice des relations avec les médias nationaux chez Amazon, a déclaré à Motherboard : « Ces groupes représentent une variété d’intérêts, et bien que nous ne soyons pas parfaits dans aucun domaine, si vous regardez objectivement ce qu’Amazon fait dans chacun de ces domaines, vous verrez que nous prenons notre rôle et notre impact très au sérieux. Nous inventons et investissons de manière significative dans tous ces domaines, nous jouons un rôle important dans la lutte contre le changement climatique en nous engageant, dans le cadre du Climate Pledge, à atteindre un bilan carbone net nul d’ici 2040, nous continuons à offrir des salaires compétitifs et d’excellents avantages sociaux, et nous inventons de nouvelles façons de garantir la sécurité et la santé de nos employés dans notre réseau opérationnel, pour n’en citer que quelques-unes. Chacun peut s’en convaincre en effectuant une visite virtuelle en direct de nos sites. »

Nantel a ajouté que le salaire moyen de départ d’Amazon est supérieur à 18 dollars de l’heure, selon le lieu, et qu’Amazon a embauché plus de travailleur·euses en 2020 que toute autre entreprise aux États-Unis.

Les manifestations du Black Frisai interviennent dans le cadre d’une longue période d’agitation syndicale chez Amazon à travers les États-Unis. Des campagnes de syndicalisation sont actuellement en cours dans les centres de distribution d’Amazon à Bessemer, en Alabama, et à New York – et plus tôt cette année, les Teamsters, l’un des plus grands syndicats du pays, ont lancé un projet national coordonné pour syndiquer Amazon. Motherboard a récemment publié l’enregistrement audio d’une réunion animée au centre d’approvisionnement d’Amazon à New York, au cours de laquelle des travailleur·euses ont confronté leurs supérieurs à leurs conditions de travail dangereuses et éprouvantes.

À l’échelle mondiale, Amazon emploie 1,3 million de personnes, ce qui en fait l’un des plus grands employeurs de la planète. L’entreprise est en passe de devenir le premier employeur des États-Unis d’ici un an ou deux.

« Le pouvoir d’Amazon de brutaliser les travailleur·euses et d’affamer les entreprises locales est mondial », a déclaré Yessenia Prodero, organisatrice des droits des immigré·es pour Massachusetts Jobs With Justice, un groupe membre de la coalition Athena. « Nous ne pourrons vraiment défier ce pouvoir que si nous nous renforçons au niveau mondial. Nous avons élaboré des stratégies avec nos partenaires internationaux pendant des années afin de proposer une vision cohérente sur tous les continents, et nous constatons que ces efforts prennent de l’ampleur. Ces actions constituent une escalade publique importante, et il y en aura beaucoup d’autres à venir. »

Dans toute l’Italie, pas moins de 15 000 livreur·euses d’Amazon, employé·es par des entrepreneurs et membres de trois syndicats italiens du transport, qui feront grève pendant 24 heures le 26 novembre. Les grévistes exigeront un allègement de la charge de travail, une réduction des heures de travail hebdomadaires, des primes de rendement et de nouvelles règles de confidentialité en matière de gestion et de surveillance des données.

En septembre, les travailleur·euses des entrepôts en Italie ont conclu un accord historique, le premier de leur histoire, avec Amazon après avoir organisé une grève nationale de 24 heures.

Elisa Gigliarelli, coordinatrice de la politique internationale pour la FILT-CGIL, le plus important syndicat italien du transport, affirme que la grève des magasinier·es qui a réussi à faire pression sur Amazon pour qu’elle signe un accord avec les syndicats plus tôt cette année servira de modèle à la grève et aux revendications des chauffeurs-livreurs italiens lors du Black Friday.

« Cette grève générale ne sort pas du néant », a déclaré Gigliarelli à Motherboard. « C’est le résultat de nos actions précédentes du mois et de l’année derniers, qui ont été très réussies en termes de participation et d’impact politique et médiatique. »
« Amazon a deux secteurs : les entrepôts et la livraison », poursuit-elle. « En Italie, les chauffeurs qui livrent des marchandises pour Amazon ne travaillent pas directement pour Amazon, mais pour des entreprises sous contrat. Nous devons considérer les travailleur·euses des entrepôts et les chauffeurs-livreurs comme une entité à part entière car, au final, les travailleur·euses indirect·es et direct·es travaillent pour la même entreprise et rendent Amazon plus grand et plus riche. Nous devons considérer l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement. »

Au Royaume-Uni, le GMB, un syndicat qui représente les travailleur·euses des entrepôts, les chauffeurs-livreurs et les travailleur·euses de la technologie d’Amazon, organisera des manifestations sur un certain nombre de sites à travers le pays, y compris un important site Amazon à Londres. Les travailleur·euses demandent la reconnaissance syndicale d’Amazon. (Au Royaume-Uni, les travailleur·euses ont le droit de s’associer librement à des syndicats, mais Amazon a refusé de s’asseoir pour négocier avec un quelconque syndicat).

« Nous allons cibler 10 installations principales », a déclaré Mick Rix, un responsable national de GMB, un syndicat qui compte plus de 600 000 membres au Royaume-Uni. « Une partie de l’action consistera à dénoncer l’absurdité de Jeff Bezos qui veut quitter la planète dans un vaisseau spatial ».

Au Bangladesh, deux syndicats représentant les travailleur·euses du textile qui produisent pour les marques privées d’Amazon se mobiliseront dans les villes de Dhaka et Chittagong. Pendant ce temps, au Cambodge, les travailleur·euses de l’usine de vêtements Hulu Garment, qui a fourni pour Amazon et Adidas jusqu’à sa fermeture en mars 2020, manifesteront pour s’assurer qu’ils recevront 3,6 millions de dollars d’indemnités de licenciement.

Au Cap, en Afrique du Sud, une organisation communautaire va protester sur le site de construction du projet immobilier River Club d’Amazon, futur siège d’Amazon en Afrique.

Outre les manifestations et les grèves prévues dans le monde entier, Make Amazon Pay a choisi huit lieux pour illustrer les abus d’Amazon et l’unité et la résistance au mastodonte technologique, où des actions auront également lieu, notamment une raffinerie de pétrole en Amérique latine, une usine de la chaîne d’approvisionnement en Asie, un porte-conteneurs en Amérique latine, un entrepôt en Amérique du Nord, un dépôt de camions en Europe, un bureau régional en Afrique et un ministère des finances en Europe.

« Comme nous le voyons partout dans le monde, les travailleur·euses – qu’ils soient codeur·euses, préparateur·trices de commandes, chauffeurs ou concepteur·trices- marchent, font grève et élèvent la voix ensemble pour exiger la dignité et le respect que procure un syndicat », a déclaré Hoffman, le président d’UNI Global Union. « La solidarité ne s’effraie pas facilement, et Amazon ne brisera pas les alliances des travailleur·euses. »

(Traduction http://www.laboursolidarity.org/ de cet article)

Quand les grévistes ne dirigent pas leur grève (1938)

juillet 8, 2021

Article de Charles Ridel (autrement dit Louis Mercier Vega) sur la grève des métallos parisiens dans La RP du 10 mai 1938, quelques mois avant l’échec catastrophique de la grève générale de novembre 1938. Notre attention a été portée sur ce texte par la contribution de Charles Jacquier dans le dernier numéro de la revue Aden: « L’avant-guerre de La révolution prolétarienne ».

cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf