10 ans de Réseau syndical international de solidarité et de lutte

mars 28, 2023 by

Le Réseau syndical international de solidarité et de lutte (RSISL) a fêté ses 10 ans le 24 mars. Le RSISL est né à Saint-Denis en 2013, de la CGT espagnole, de la CSP-Conlutas brésilienne, de Solidaires français et d’autres organisations syndicales.
Notre camarade Christian Mahieux, l’un des coordinateurs qui a vécu la fondation de cette organisation, raconte le processus de naissance et de développement de cette œuvre internationale dans un interview à lire ici:

https://laboursolidarity.org/fr/n/2614/interview–10-ans-de-reseau-syndical-par-christian-mahieux

Congrès confédéral CGT de Clermont-Ferrand : Plus qu’un problème de personnes, une crise structurelle

mars 11, 2023 by

Article paru dans La Révolution prolétarienne n°820 (mars 2023), disponible au format pdf:

(cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf)

50 ans après, que nous dit aujourd’hui la lutte des Lip

mars 9, 2023 by

« On fabrique, on vend, on se paye ».

C’est ce qu’ont fait les grévistes de Lip en 1973, il y a cinquante ans.

Ouvrières et ouvriers de l’horlogerie à Besançon, elles et ils ont défié l’ordre et la légalité capitaliste des mois durant.

Parce qu’elle a incarné l’insubordination ouvrière des années 68 et la convergence des combats de cette période, notamment avec celui du Larzac ;

Parce qu’elle a rendu vivante, en pratique, l’idée d’autogestion avec la remise en route de la production de montres et le versement de « payes sauvages » pour financer la grève ;

Parce qu’elle a été traversée, percutée, par l’affirmation féministe ;

Parce qu’elle a été une importante lutte contre les licenciements en ces premiers temps de montée au chômage de masse :

La grève des Lip porte en elle les aspirations d’égalité et d’émancipation qui nous anime, elle nous parle, elle nous inspire, elle est notre patrimoine commun.

Nous souhaitons faire vivre la mémoire de cette grève et l’interroger au présent, au travers de nos résistances, de nos luttes et de nos espoirs d’aujourd’hui.

Et nous n’en manquons pas à l’heure des imposantes et décisives mobilisations pour la défense du droit à la retraite.

Nous proposons que des initiatives soient prises nationalement, en lien avec celles existant à Besançon.

Nous invitons à deux temps forts pour ce cinquantenaire :

Les samedi 17 et dimanche 18 juin 2023 : parce que la date du 18 juin 1973 est celle de l’AG des grévistes de Lip qui décida de la relance de la production.

Les samedi 30 septembre et dimanche 1er octobre 2023 : en écho à la manifestation nationale du 29 septembre 1973 à Besançon de 100 000 personnes en solidarité avec les Lip.

Hier comme aujourd’hui : Lip, Lip, Lip, hourra !

Les premiers signataires de l’appel :

Alternative ESS

Amis de Tribune socialiste

Association Autogestion

Ateliers Travail et Démocratie

Attac

Cerises, la coopérative

Confédération paysanne

Contretemps, revue de critique communiste

Éditions Syllepse

FSU

Institut Tribune socialiste

Politis

Réseau féministe Ruptures

La Révolution prolétarienne

Syndicollectif

Union syndicale Solidaires

Les Utopiques

Retraites : un premier bilan après un mois de lutte

mars 7, 2023 by

Pour avoir des chances de gagner la lutte contre la réforme des retraites commencée le 19 janvier, il est nécessaire de réfléchir aux questions de « stratégie et de tactiques ». Il ne s’agit pas ici de tirer des conclusions définitives, mais plutôt d’apporter des éléments sur 3 plans : notre objectif, nos moyens, et ce que nous avons a pris après un mois de lutte.

Contribution (du 26 février) disponible au format pdf :

(cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf)

La Révolution prolétarienne N° 820

mars 4, 2023 by

Notre numéro de mars 2023 contient notamment :

→ On ne nous volera pas deux ans (éditorial)

→ 53e congrès de la CGT : la structuration, de nouveau parent pauvre de l’orientation (Michel T.)

Congrès confédéral CGT de Clermont-Ferrand : Plus qu’un problème de personnes, une crise structurelle (Ronan Vibert)

→ + de syndicat, + de victoires ! (Un militant de Solidaires 35)

Caisses de grève : petits calculs pour garder les pieds sur terre (Deux camarades syndicalistes)

→ Solidarité internationale : collectif intersyndical Iran | Réseau syndical international de solidarité et de luttes

→ Grève générale au pays de la décomposition syndicale (témoignage)

→ Des assemblées générales ? Pourquoi ? Comment ? (Solidaires)

Comment s’occuper entre deux dates de mobilisation ? (Baptiste)

→ Retraites : Quand la Gauche perd ses repères, elle renforce le Capital (Ronan Vibert)

→ Grèves et manifestations en France (Christian Mahieux)

→ Ukraine : Pendant la guerre la lutte des classes continue… (Christian Mahieux)

→ Deux documents inédits de Rosa Luxemburg dans le nouveau fonds Jules Guesde (Julien Chuzeville)

→ Revues : A-M-A’ n°1 | Les Utopiques n°21 | Fragments n°6

→ Livres : Dix questions sur le communisme, Julien Chuzeville | La Caverne originelle, Jean-Loïc Le Quellec | Histoire algérienne de la France, Nedjib Sidi Moussa | L’internat, Serhiy Jadan

→ Quid de l’humanité ? Matchs d’axes de pouvoir, sociétés opposées, nouvel âge axial ! (Jacques Demorgon)

→ Lettre d’Amérique : La retraite chez nous. Un livre remarquable. Un héritage contesté. (David Ball)

→ encarts : Nos amis publient | Sur internet | AG 2023 etc

L’abonnement est toujours à 23€/an, livré sous enveloppe fermée. Il commence au routage suivant la réception du chèque. Nous ne servons pas au numéro mais déposons un peu dans quelques librairies militantes à Paris. Depuis quelques mois nous ne faisons plus de dépôt à Marseille mais y livrons gratuitement le CIRA et la médiathèque Mille Bâbords.

Climat gréviste et grève reconductible

mars 2, 2023 by

Sans oublier les conflits contre les licenciements, car oui, les licenciements collectifs se poursuivent, on sait que ce qui est largement en tête dans les motifs des grèves depuis de nombreux mois déjà, ce sont les salaires. Il y a eu les quelques luttes très médiatisées dans certains secteurs emblématiques, mais que ce soit dans les secteurs féminisés ou dans les PME de l’industrie notamment, ces batailles contre les conséquences de l’inflation se poursuivent… en plein conflit contre le projet de loi sur les retraites.

S’il était important de concentrer, au moins au début de la mobilisation contre le projet de loi, les forces pour la réussite des deux premières journées en se focalisant sur la question des retraites, n’est-il pas temps maintenant de nous adapter tactiquement ?

Oui la perspective de travailler plus longtemps frappe toutes et tous les salarié.es. Mais tout le monde, en fonction de son âge et de sa carrière, n’est pas touché.e selon la même temporalité. Alors que le marteau inflationniste frappe non seulement beaucoup plus, voire tout le monde (certes pas dans la même intensité), mais le fait d’une manière plus homogène.

Une grève de masse reconductible sur les retraites est possible. L’histoire sociale n’est pas un argument pour décider du présent, car l’histoire ne se répète pas. Elle dit juste qu’une telle grève, de masse et reconduite, n’a jamais eu lieu. Ce n’est pas une raison pour ne pas s’en donner l’objectif en 2023. Mais la bataille présente se déroule justement dans un climat particulier qui explique pour une partie non négligeable les niveaux de mobilisation depuis le 19 janvier. Le ras-le-bol qui amène à se mettre en grève ou en congé le jour des manifestations pour y participer concerne aussi les salaires et le niveau des pensions de retraite.

Il y a là une source bien présente de carburant gréviste, un troisième étage de la fusée, en plus des manifestations et des grèves sur la retraite, qui ne demande qu’à pousser encore plus fort qu’actuellement.

Gouvernement et patronat, inquiets du niveau de mobilisation en réaction à leur projet, voient tout de même que le feu n’a pas encore pris à la plaine. La grande crainte, c’est la convergence entre mobilisations sous toutes ses formes contre le projet de loi et de très nombreuses grèves, plus ou moins longues, peu importe (l’essentiel étant de gagner), sur les salaires. Parce que gouvernement et patronat savent pertinemment que tout est là.

Il ne manque pas grand-chose. Mais ce « pas grand-chose » peut être très difficile à obtenir. Cela dépend de beaucoup de facteurs psychologiques, ceux qui donnent confiance dans l’action collective. Et là, les équipes militantes sur la brèche dans la bataille des retraites ont un grand coup à jouer. Aller au contact de ces salarié.es, peu importe comment, discuter des salaires en plus de la retraite, proposer de discuter de la grève sur ces sujets, etc. Tout ne dépend pas de l’action militante pour réussir, mais c’est un facteur important. Il faut le jouer à fond. Cela impose des tâches particulières, une organisation spécifique et ciblée, de l’imagination, et une grande disponibilité dans les semaines qui viennent.

Le temps n’est-il pas venu, pour le syndicalisme de lutte de parler plus fort sur les salaires, de lier cette bataille avec celle sur les retraites, d’expliquer que ces deux luttes se renforcent mutuellement ?

Un climat social qui vire couleur « grèves nombreuses », n’est-il pas la clé pour la « grève reconductible sur la retraite » dont on entend tant parler depuis au moins le 19 janvier ?

M. (militant syndicaliste CGT en union locale)

Comment s’occuper entre deux dates de mobilisation ?

février 26, 2023 by

(Article à paraître dans La RP n°820, mars 2023)

Les premières semaines de ce mouvement contre la réforme des retraites ont été déconcertantes pour beaucoup de militant.es, notamment à cause du rythme de la mobilisation : une succession de « journées saute-mouton » hebdomadaires, séparées par des périodes de « basse intensité » militante. Parmi les syndicalistes de lutte, la nécessité de la « grève reconductible » fait consensus : il faut aller au-delà de ces temps forts. Mais pour que le mouvement suive une autre temporalité, notre priorité ne devrait pas être de redoubler de critiques contre l’intersyndicale nationale : celles-ci, d’abord, n’ont que peu d’impact, et ensuite leur seul effet pourrait être de renforcer des camarades dans la conviction que les syndicats ne sont pas avec nous… et qu’il faut se contenter de les critiquer plutôt que d’y agir.
La piste à creuser, c’est plutôt celle de notre action entre deux dates : que faisons-nous, nous, syndicalistes de luttes, partisan.es de la grève reconductible, pour que la grève s’étende et se poursuive dans la durée ? C’est aussi en posant ces problèmes que l’on ne s’exonère pas de toute responsabilité dans le déroulé de la mobilisation, en mettant tout sur le dos d’éléments sur lesquels nous avons peu de prises.
1) Un mouvement ne se résume pas à ses temps forts. Les grandes dates, ce sont plutôt les moments où l’on évalue l’état de la mobilisation et sa popularité générale, et où l’on cueille les fruits du travail effectué. Ce qui compte, c’est aussi le temps disponible entre chaque date, qu’on aime juger trop long pour se donner l’air radical.e (« 10 jours, c’est dans si longtemps !, etc. »)… mais sans toujours utiliser ce temps disponible.
2) Car, par définition, les jours de manif, on est en… manif. Donc, au contact de personnes déjà mobilisées, certaines pour la première fois ; c’est l’occasion de se rencontrer, de former un groupe, de se donner collectivement de la force, d’échanger sur les suites, etc. Mais, pour faire grossir les manifs et surtout la grève, il faut rencontrer des personnes non mobilisées. Et ça, ça ne peut se passer qu’en dehors des grandes dates.
3) Faire du boulot militant hors des jours de manifs, ça demande d’avoir du temps… et donc de ne pas être au boulot : congés, heures de délégation syndicale, grève (pour lesquelles les caisses de solidarité pourraient être utilisées prioritairement). C’est là une condition indispensable pour participer à l’immense travail que représente la construction d’une grève.
4) Un noyau militant (au moins), avec du temps pour la grève, donc. Pour quoi faire ? La toute première tâche, ce devrait être la réactivation des réseaux syndicaux. Dans son établissement, sa branche, son UL, son UD, rentrer en contact avec toutes les équipes militantes et tou.tes les mandataires du syndicat (élu.es CSE ou CSA mais aussi en commissions paritaires, conseiller/ères du salarié.e, prud’hommes…). Ce sont ces personnes qui représentent l’organisation, et la participation aux mouvements interprofessionnels devrait faire partie des tâches de leur mandat. Ce sont les personnes a priori les plus faciles à contacter, puisqu’elles sont dûment identifiées. Bien sûr, dans la réalité, les liens sont souvent distendus, voire rompus, mais c’est le moment de reprendre contact et de proposer de l’aide pour tracter, organiser une AG, présenter la réforme, fournir des rappels sur le droit de grève…
5) Concrètement, dans une UD, ce boulot peut consister à établir une liste des entreprises du département avec une implantation CGT, et faire un état des lieux de leur implication dans la mobilisation. Il est probable que beaucoup d’équipes du privé seront occupées par les NAO (Négociations annuelles obligatoires)… mais on connaît les piètres accords signés lors de négociations sans rapport de force (la plupart du temps, ils ne compensent même pas l’inflation). Le contexte de grève est donc l’occasion d’interroger les routines militantes, et de convaincre que c’est le moment, justement, d’en sortir : il y a de fortes chances que des boîtes qui se mettent en grève sur les retraites mais aussi sur les salaires obtiennent un accord beaucoup plus avantageux qu’en restant dans le strict cadre établi de la négociation…
6) Ce travail de mise en lien sert aussi à collecter des informations : les débrayages dans le privé ne sont pas si rares que ça, mais les remontées d’informations sont très mauvaises. Pour donner de la confiance, dans les boîtes en lutte comme à celles qui ne le sont pas encore en montrant que c’est possible, il faut faire un travail volontariste de compilation, de synthèse et de diffusion des mobilisations, y compris les courts débrayages. C’est aussi comme ça qu’ils se répandront, de proche en proche, et qu’on pourra reprendre contact avec des boîtes où il y a une vraie envie de se battre, mais sans forcément les liens avec une structure syndicale pour le faire efficacement. L’aspect « redescente » des infos est à ne pas négliger, y compris pour en obtenir : les militant.es se lasseront vite d’envoyer une synthèse sur leur situation si l’échange est à sens unique et qu’iels ne reçoivent jamais, en retour, de synthèses permettant de jauger l’état de la mobilisation pour motiver les collègues ou cibler certaines tâches.
7) Ce travail est par nature limité par le taux de présence syndicale : plus de la moitié des entreprises de plus de 20 salarié.es ne compte aucun.e représentant.e syndical.e. Une grève vraiment généralisée demande donc d’aller au-delà de nos bases, de sortir de nos boîtes et établissements. Les actions les plus simples et évidentes, ce sont les tractages « indistincts » (centres commerciaux, gares, métros) dans tous les lieux de passage un tant soit peu conséquents, et les collages. Elles demandent simplement du nombre, une préparation matérielle limitée (encore qu’il n’est pas toujours simple de se procurer à temps les supports imprimés), et permettent de toucher un grand nombre de personnes d’un coup. Elles permettent de mettre une ambiance générale, et montrent à beaucoup de gens qu’il se passe quelque chose. Mais souvent elles ne permettent pas de vraies discussions suivies, et débouchent peu sur l’établissement de réels contacts. Pour cela, il faut envisager des méthodes plus ciblées, moins quantitatives, mais plus qualitatives : on peut diffuser plusieurs milliers de tracts en une heure, ce n’est plus le cas si on discute 10 minutes avec chaque personne.
9) Une première méthode est bien adaptée pour les petites entreprises, et en particulier les commerces qui sont par définition des lieux ouverts au public : par binômes, les militant.es font le tour d’une rue, et discutent avec les salarié.es, les informent sur leurs droits, etc. Les retours d’expérience sur cette pratique montrent que dans la période, nous sommes généralement accueilli.es à bras ouverts, et notamment dans des secteurs sans aucune implantation syndicale : les salariées (souvent des femmes, pour le commerce) se sentent valorisées qu’on vienne les voir jusque sur leur lieu de travail, là où aucun.e syndicaliste ne s’était jamais aventuré.e, et elles sont avides de découvrir leurs droits, de savoir comment elles peuvent faire grève, etc.
10) Une autre méthode consiste à cibler un secteur ou quelques entreprises (en fonction de critères de combativité passée, de taille, de localisation…) pour aller y tracter, éventuellement en faisant nombre pour montrer qu’il se passe quelque chose. Par exemple, avec ce calendrier de mobilisation qui débouche sur le 8 mars, il peut être intéressant d’établir un plan de travail en direction des secteurs féminisés : Ehpad, aide à domicile, petite enfance… à ajuster en fonction des militant.es déjà présent.es dans l’union locale ou départementale, ou de la connaissance qu’on peut avoir de conditions particulières à une branche ou l’autre (la maîtrise, même limitée, d’une convention collective par exemple peut faciliter la discussion et son orientation sur ce qui fait souvent problème dans un secteur donné et permettre ainsi de proposer des solutions de lutte collective).
11) Il est tentant, pour occuper l’intervalle entre deux dates, de multiplier les actions de visibilité : marches aux flambeaux, happenings, rassemblements… Ces actions ont leur utilité, comme les manifs, pour montrer que la mobilisation continue, pour souder le groupe militant et lui donner de l’énergie, impliquer des personnes qui le sont moins d’habitude, etc. Mais leur portée reste limitée : ce sont encore des moments où l’on est « entre nous », entre gens déjà mobilisé.es, et généralement même un noyau beaucoup plus restreint que lors des grandes journées, le tout au prix d’une grande dépense d’énergie militante et d’une multiplication des tâches d’organisation (par conséquent souvent faites dans la précipitation et donc à moitié). Il faut bien sûr faire le bilan au cas par cas de ces modalités de lutte (quelle ambiance et quelle énergie ? Quel état d’épuisement pour les équipes militantes après ? Combien de personnes rencontrées ? Quel écho médiatique réel ? Une déambulation dans une petite ville où l’interconnaissance est forte n’aura évidemment pas les mêmes effets que dans une métropole). Pour l’instant, le constat global (peut-être un peu dur) est celui d’une faible efficacité de ces moments, qui servent surtout à s’occuper… pour s’occuper en attendant la prochaine manif, mais sans toujours s’inscrire dans une stratégie claire de développement et d’extension de la grève. Conclusion pratique : il faut passer moins de temps à tenter de « faire parler de » nous, et plus de temps à « parler à », parler aux salarié.es, chômeur.es, retraité.es, etc. : c’est uniquement comme ça qu’ils et elles ont des chances de s’impliquer dans la mobilisation et de se coordonner avec d’autres secteurs.
12) Cela étant, maintenir l’investissement militant sur la longue durée, éviter la routinisation, la lassitude, sentir qu’on fait œuvre utile, est une vraie nécessité. Les actions suggérées plus haut sont pour la plupart moins « chiantes » que des tractages généralistes à répétition, parce qu’elles permettent de rencontrer du monde, de discuter, et que l’intérêt de salarié.es aussi éloigné.es du syndicalisme pour ce qu’on a à leur raconter se transforme nécessairement en satisfaction et en enthousiasme. Mais il faut aussi des temps de sociabilité, de détente, de discussion libre, pour échanger de manière informelle, faire connaissance… De tels moments sont là aussi l’occasion d’élargir le cercle des personnes impliquées, et doivent être organisés de manière à développer une culture d’organisation : les choses à faire sont découpées en différentes tâches et chacun.e peut prendre le mandat de s’occuper de l’une d’entre elles, même en l’absence de compétences militantes particulières. Les projections de films, rencontres, etc. sont aussi des moyens de réfléchir collectivement aux buts de la mobilisation et à la stratégie, faisant ainsi sortir ces réflexions de leur monopole des secrétaires de syndicats (ou de militant.es politiques). Il est évident que les moments conviviaux ne suffisent pas en eux-mêmes à cimenter une mobilisation, ils ne doivent pas devenir une fin en soi, mais peuvent servir à élargir et renforcer un noyau militant cohérent : imaginons un endroit où le groupe de personnes qui agissent, tractent, etc. régulièrement passe de 10 à plusieurs dizaines (ce qui, l’exemple faisant foi, est tout à fait réaliste), et les possibilités de développement et d’élargissement de la base sociale de la grève s’en trouvent démultipliées.
13) La liste est déjà longue, mais encore loin d’être exhaustive. Il faudrait rajouter d’autres tâches indispensables, là aussi, pour éviter l’épuisement, maintenir une bonne humeur, ou simplement assurer les conditions de possibilité de tout ce qui précède : rédiger, maquetter, imprimer et répartir les tracts et affiches ; organiser de petits temps conviviaux ou repas communs avant ou après les manifs, animer et rendre vivantes ces manifs ; organiser des gardes d’enfants pendant celles-ci pour permettre à tout le monde d’y participer, etc.
14) Le mouvement a certes déjà bien débuté, mais il n’est jamais trop tard pour s’atteler à ces différentes tâches. Si l’on veut se donner une perspective de grève reconductible pour le 7 mars, il faut s’y mettre vraiment et s’en donner les moyens. En premier lieu, on l’a dit, en tâchant de ne laisser aucun.e salarié.e en dehors de la possibilité de faire grève : sur un secteur, une localité donnée, l’objectif peut être que tout le monde ait eu un contact avec le syndicat et ait reçu un tract clair sur le droit de grève. Mais ensuite, si des secteurs se mettent en grève, il faudra tenir, et là aussi tous les contacts, tous les liens préalables seront précieux : il faudra organiser une solidarité matérielle (repas communs, etc.), épauler les grévistes sans que cela n’aspire toutes les forces au détriment des secteurs non-grévistes (une piste étant que les grévistes aillent en groupe débrayer ou au moins informer les non-grévistes)…
Dès lors qu’on considère la masse considérable de travail à abattre dans l’attente d’une date de mobilisation, celle-ci paraît d’emblée beaucoup moins lointaine. On voit qu’il ne reste plus guère d’énergie à dépenser en critique du calendrier… d’autant que ces activités, effectuées largement, déboucheraient sur un dépassement réel (et non plus seulement incantatoire et en paroles) de celui-ci. À nous de nous y investir, et d’en ouvrir le plus largement possible la participation, en accueillant l’envie partagée de faire quelque chose et la conscience de classe qui naît de la lutte commune. La seule règle est de ne rien s’interdire, même si cela implique d’aller à l’encontre d’habitudes militantes bien ancrées, de faire preuve d’inventivité, et de permettre qu’il y en ait pour tous les goûts. C’est ainsi et dans ce genre de moments qu’on peut reconstruire un mouvement syndical fort, organisé, et capable de gagner sur la durée.

Baptiste, militant CGT, 16 février 2023

L’organisation de la C.G.T. (1935)

février 18, 2023 by

Le Congrès confédéral, et les constats faits à l’occasion du mouvement de grève sur les retraites, sont l’occasion de revenir sur les questions de structuration syndicale : au-delà de nos objectifs revendicatifs, notre mode d’organisation nous permet-il de les atteindre ? La réponse, aujourd’hui, est négative, comme le montrent l’incapacité à stopper l’hémorragie d’adhérent⋅es ou à initier une dynamique de conquêtes sociales au moins dans un secteur. Un élément d’explication de ces difficultés réside dans le poids et parfois le corporatisme des Fédérations dans la CGT, qui nous rend incapables de sortir de nos secteurs pour étendre un rapport de force au-delà des limites étroites de la branche où il a été établi.

Ces réflexions ne sont pas nouvelles : pour preuve, nous reproduisons un texte de 1935 paru dans L’Action syndicaliste, la revue de la tendance syndicaliste-révolutionnaire de l’enseignement. L’unification syndicale entre la CGTU et la CGT est en passe de se réaliser, et c’est l’occasion pour Jean Barrué (militant de la Fédération unitaire de l’Enseignement) de pointer la transformation de la CGT en une « somme de fédérations corporatives ». Un constat qui est encore davantage d’actualité aujourd’hui, alors qu’au nom du sacro-saint « fédéralisme » on laisse végéter les structures interprofessionnelles de base pendant que les grands bastions syndicaux, renfermés sur eux-mêmes, dépérissent lentement. Heureusement, Barrué donne quelques pistes pour la « renaissance du syndicalisme », à nous de les discuter, de les réaliser ou d’en inventer de nouvelles.

(cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf)

Chroniques syndicales avec La RP

février 11, 2023 by

La revue La Révolution prolétarienne était présentée ce samedi 11 février dans l’émission Chroniques syndicales sur Radio libertaire, avec Christian et Baptiste. On peut (ré)écouter l’émission ci-dessous à partir de 18’02 :

53e Congrès de la CGT : Remettre la question de la structuration au cœur du débat

février 6, 2023 by

Article à paraître dans notre prochain numéro :

(cliquer sur l’image pour ouvrir le pdf)