Climat gréviste et grève reconductible

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Sans oublier les conflits contre les licenciements, car oui, les licenciements collectifs se poursuivent, on sait que ce qui est largement en tête dans les motifs des grèves depuis de nombreux mois déjà, ce sont les salaires. Il y a eu les quelques luttes très médiatisées dans certains secteurs emblématiques, mais que ce soit dans les secteurs féminisés ou dans les PME de l’industrie notamment, ces batailles contre les conséquences de l’inflation se poursuivent… en plein conflit contre le projet de loi sur les retraites.

S’il était important de concentrer, au moins au début de la mobilisation contre le projet de loi, les forces pour la réussite des deux premières journées en se focalisant sur la question des retraites, n’est-il pas temps maintenant de nous adapter tactiquement ?

Oui la perspective de travailler plus longtemps frappe toutes et tous les salarié.es. Mais tout le monde, en fonction de son âge et de sa carrière, n’est pas touché.e selon la même temporalité. Alors que le marteau inflationniste frappe non seulement beaucoup plus, voire tout le monde (certes pas dans la même intensité), mais le fait d’une manière plus homogène.

Une grève de masse reconductible sur les retraites est possible. L’histoire sociale n’est pas un argument pour décider du présent, car l’histoire ne se répète pas. Elle dit juste qu’une telle grève, de masse et reconduite, n’a jamais eu lieu. Ce n’est pas une raison pour ne pas s’en donner l’objectif en 2023. Mais la bataille présente se déroule justement dans un climat particulier qui explique pour une partie non négligeable les niveaux de mobilisation depuis le 19 janvier. Le ras-le-bol qui amène à se mettre en grève ou en congé le jour des manifestations pour y participer concerne aussi les salaires et le niveau des pensions de retraite.

Il y a là une source bien présente de carburant gréviste, un troisième étage de la fusée, en plus des manifestations et des grèves sur la retraite, qui ne demande qu’à pousser encore plus fort qu’actuellement.

Gouvernement et patronat, inquiets du niveau de mobilisation en réaction à leur projet, voient tout de même que le feu n’a pas encore pris à la plaine. La grande crainte, c’est la convergence entre mobilisations sous toutes ses formes contre le projet de loi et de très nombreuses grèves, plus ou moins longues, peu importe (l’essentiel étant de gagner), sur les salaires. Parce que gouvernement et patronat savent pertinemment que tout est là.

Il ne manque pas grand-chose. Mais ce « pas grand-chose » peut être très difficile à obtenir. Cela dépend de beaucoup de facteurs psychologiques, ceux qui donnent confiance dans l’action collective. Et là, les équipes militantes sur la brèche dans la bataille des retraites ont un grand coup à jouer. Aller au contact de ces salarié.es, peu importe comment, discuter des salaires en plus de la retraite, proposer de discuter de la grève sur ces sujets, etc. Tout ne dépend pas de l’action militante pour réussir, mais c’est un facteur important. Il faut le jouer à fond. Cela impose des tâches particulières, une organisation spécifique et ciblée, de l’imagination, et une grande disponibilité dans les semaines qui viennent.

Le temps n’est-il pas venu, pour le syndicalisme de lutte de parler plus fort sur les salaires, de lier cette bataille avec celle sur les retraites, d’expliquer que ces deux luttes se renforcent mutuellement ?

Un climat social qui vire couleur « grèves nombreuses », n’est-il pas la clé pour la « grève reconductible sur la retraite » dont on entend tant parler depuis au moins le 19 janvier ?

M. (militant syndicaliste CGT en union locale)

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